Les créateurs canadiens seront bien présents au festival CANNESERIES cette année, avec trois projets originaux mêlant la comédie, la critique sociale et les thèmes de notre époque.
Partez à la rencontre des créateurs Canneseries!
Audrey est revenue
Cette série en dix épisodes tourne autour d’une femme de 34 ans (Florence Longpré) qui sort miraculeusement du coma 16 ans après avoir été retrouvée inconsciente sur une route de campagne. Avec l’aide de ses parents maintenant divorcés, André et Mireille (Denis Bouchard et Josée Deschênes), de son frère Clément (Dominic St-Laurent), de son beau-père bien intentionné Marcel (Martin-David Peters) et de son insolente demi-sœur Sarah (Zeneb Blanchet), Audrey devra réapprendre à marcher, à parler, à lire et à faire toutes ces petites choses que l’on prend pour acquises. Pendant sa réadaptation, Audrey ne sera pas la seule à se transformer; son retour à la vie amènera tout son entourage à sortir d’un profond sommeil.
Écrits par Florence Longpré et Guillaume Lambert, les dix épisodes de trente minutes d’Audrey est revenue sont offerts en diffusion continue sur Club Illico depuis novembre 2021. La série marque le retour de Longpré à la télévision après le succès interplanétaire de M’entends-tu?, accessible dans le monde sur la plateforme Netflix. Elle marque également la réunion de Lambert et Longpré, qui étaient tous les deux membres de la distribution de la très suivie comédie à sketchs Like-moi.
« L’écriture à 4 mains de la série s’est entièrement déroulée en virtuel ; Guillaume et Florence ont passé de longues heures en vidéoconférence. Ils ont bénéficié du précieux appui d’Emanuelle Beaugrand-Champagne à la script-édition. Le travail d’une recherchiste leur a permis de mieux connaître les différents états relatifs au coma, en plus de rencontrer des spécialistes médicaux et d’échanger avec des personnes et leurs proches ayant expérimenté le coma et une réhabilitation. Quand est venu le temps d’attribuer un réalisateur au projet, il fut tout naturel de confier la série à Guillaume Lonergan qui avait auparavant porté des saisons complètes de L’âge adulte et de M’entends-tu? »
« En lisant les trois premiers scénarios, j’étais incapable d’imaginer quelqu’un d’autre que Florence dans le rôle, » explique Guillaume Lonergan. « Je lui ai dit d’oublier qu’elle était co-autrice de la série, qu’Audrey, c’était elle.»
Audrey est revenue est, à la base, une série sur les relations familiales et sur les liens qui peuvent se tisser entre les personnes qui vivent une tragédie. « La série et l’histoire d’Audrey peuvent rejoindre un large public. On y présente des émotions auxquelles tout le monde peut se connecter. Tout le monde a vécu un traumatisme, un accident dans sa famille, ses amis. C’est comment les gens essayent de se sortir des répercussions. Dans Audrey est revenue, c’est à travers des scènes de salon qu’on dénoue les impasses et les traumatismes du passé. Aussi, le thème du décalage est très présent dans la série : le décalage entre l’époque où Audrey a subi son accident, et l’époque à laquelle elle se réveille. Plusieurs personnes sont dépassées par la vitesse à laquelle notre époque est en profonde transformation et peuvent aussi s’identifier à ce que vit Audrey à son réveil. »
Audrey est revenue est le seul projet canadien à avoir été sélectionné en compétition à CANNESERIES. « C’est un véritable honneur pour nous que le festival Canneseries reconnaisse la créativité et l’audace d’Audrey est revenue., » dit Nicola Merola, président de Pixcom et producteur exécutif d’Audrey est revenue. Nous sommes d’autant plus fiers d’être en sélection officielle et de faire découvrir cette série québécoise au public et aux professionnels invités, une superbe vitrine pour le talent de chez nous ! »
Revenge of the Black Best Friend
Créé, coécrit et coproduit par Amanda Parris, Revenge of the Black Best Friend explore la question des personnages noirs symboliques dans l’industrie audiovisuelle. Dans cette série en six épisodes, la Dr Toni Shakur (Olunike Adeliyi), gourou du développement personnel, utilise ses livres à succès, son talk-show et ses apparitions publiques pour soutenir les actrices et les acteurs noirs et forcer Hollywood à changer ses façons de faire. Mais cette démarche oblige Toni à se demander : que se passe-t-il lorsqu’un enjeu de justice sociale devient votre marque?
Produit par iThentic et présenté en première sur CBC Gem quelques jours seulement avant CANNESERIES, Revenge of the Black Best Friend est très étroitement inspiré de l’expérience vécue d’Amanda Parris.
« Il y a quelques années, je me suis mise à revoir les films et les séries qui avaient marqué mon adolescence », dit-elle. « Je voulais me perdre dans la nostalgie, mais j’avais de la difficulté à m’échapper, car je tombais sans arrêt sur des personnages noirs symboliques qui apparaissaient dans pratiquement tout ce que je regardais. C’étaient souvent des personnages stéréotypés, sans beaucoup de profondeur ou de motivations fortes. Ils n’étaient là que pour mettre en valeur le personnage principal, lancer quelques phrases percutantes ou apporter une note humoristique. La vague idée d’un groupe visant à soutenir les acteurs noirs qui sont constamment engagés pour jouer le meilleur ami noir a commencé à germer. Quand j’ai commencé à parler de cette idée autour de moi, beaucoup de personnes m’ont parlé du film Hollywood Shuffle. J’ai regardé ce classique de Robert Townsend et j’ai su qu’il allait devenir une référence importante pour ce que je voulais faire. »
En ce sens, Parris et le producteur Julian de Zotti s’adressent à un public qui a longtemps été réduit au silence ou marginalisé par les récits traditionnels.
« J’espère que tout le monde regardera cette série (rires), mais nous ciblons plus particulièrement les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur âgés de plus ou moins 18 à 49 ans, qui expriment clairement leur mécontentement en ce qui concerne la représentation dans l’industrie audiovisuelle », explique Parris. « Par les médias sociaux, ils ont inauguré une ère de reddition de comptes dans le milieu du film et de la télévision. Ces spectateurs veulent se voir et reconnaître leurs voix, leurs combats et leurs expériences dans le contenu qu’ils consomment, et j’espère qu’ils regarderont cette série. »
Bien que Revenge of the Black Best Friends reflète l’expérience quasi universelle des Noirs dans un espace dominé par les Blancs, les racines canadiennes de la série ressortent clairement.
« Au départ, je ne voyais pas la nécessité d’en faire un projet ouvertement canadien, car les thèmes abordés transcendent les frontières, mais mon coproducteur exécutif Motion a insisté et m’a aidée à comprendre pourquoi il était important d’enraciner l’histoire au Canada », explique Parris. « Trop souvent, ce pays se défend en s’appuyant sur le mythe de l’innocence et de la progressivité et en clamant qu’il se situe à des lieues de son voisin du sud quand il est question de race. Mais quand on regarde le paysage cinématographique et télévisuel au Canada, une réalité bien différente saute aux yeux. C’est pourquoi il était important, non seulement de camper le personnage principal, la Dr Toni Shakur, ici, mais également d’inclure une brève apparition de l’actrice canadienne Andrea Lewis qui a courageusement parlé des défis qu’elle a dû relever dans cette industrie. Le fait de la placer à côté de personnages fictifs nous rappelle que, bien qu’il s’agisse d’une comédie, les enjeux abordés dans la série sont des réalités quotidiennes pour de nombreux acteurs et actrices du Canada. »
Complètement lycée
Complètement lycée est une websérie des Productions ToRoS qui parodie les œuvres de fiction pour jeunes adultes du début des années 2000, avec une touche résolument québécoise. Elle est présentée comme la version doublée en français d’une émission américaine, reflétant les expériences des années d’adolescence des milléniaux québécois. Créée par deux comédiens montants, Pierre-Yves Roy-Desmarais et Rosalie Vaillancourt, Complètement lycée (offerte en diffusion continue sur la plateforme Noovo au Québec depuis décembre 2021) a été conçue à l’origine comme une vidéo d’introduction à un spectacle présenté par ses deux créateurs dans le cadre de l’édition 2017 du Zoofest, un festival associé à Just For Laughs dédié aux voix émergentes de la scène humoristique.
L’idée a rapidement été enrichie par Roy-Desmarais, Vaillancourt et le réalisateur Alec Pronovost, avant que ToRoS en acquière une option en 2018. « Le cœur du projet est toujours resté sensiblement le même: parodier les séries américaines en s’inspirant de l’approche des frères Zucker (Airplane!, Naked Gun, etc.) et faire notre propre turbo niaiserie,», selon les producteurs Camille Montreuil et Marc S. Grenier.
Rosalie Vaillancourt brille dans le rôle d’Allison Thompson, une nouvelle étudiante du lycée New Garden Hills Valley, qui devient rapidement la cible de la vilaine Ashley Winterbottom (Katherine Levac) et du déjanté Brian Manson (Roy-Desmarais), avec pour seul soutien son meilleur ami gay Keith O’Keefe (Patrick Abellard) qui l’aidera à passer au travers des épreuves et des tribulations du lycée.
Complètement lycée propose une expérience humoristique à la fois extrêmement nichée et résolument universelle.
« J’ai toujours eu l’impression que notre public était niché tellement on voulait faire de quoi de niaiseux, je me disais que ça allait juste plaire aux gens qui écoutent des trucs en fin de soirée un peu éméchés… », dit Pronovost. « Et finalement, j’avais tout faux! On a senti que ça plaisait à beaucoup de gens d’âges différents, autant mes parents que des ados. »
« Bien que le concept se base sur des référents biens québécois francophones, on a rapidement réalisé que d’autres francophones ont été bombardés de séries américaines doublées à une certaine époque. Il semble que pour eux, même si le doublage dans un français « international » peut leur paraître normal, la série ne perd pas du tout de son potentiel comique. La sélection à Canneseries en est une belle preuve. Il y a également une belle fenêtre d’opportunités liée aux marchés non-anglophones/non-francophones qui ont eu aussi leur lot de contenu américain qui pourrait potentiellement apposer leur propre doublage à la série. »
« Notre parodie part d’une expérience francophone donc j’ai de la misère à m’imaginer comment un public anglophone peut capter cet angle comique, » explique le réalisateur, Alec Pronovost. « Cela dit, on tient peut-être quelque chose, si les anglophones ont une culture du doublage, ça donnerait: une série tournée en anglais, doublée en français puis redoublée en anglais! Là on jase. Complètement jamais vu. »