Des histoires qui nous unissent : The Things You Kill, le choix du Canada pour les Oscars®

02 • 12

« Nous devons écrire des histoires auxquelles des personnes de différents pays, régions et langues peuvent s’identifier », déclare le cinéaste irano-canadien Alireza Khatami à propos de son troisième long métrage The Things You Kill, qui représentera le Canada dans le processus de nomination qui mènera au couronnement du meilleur film international lors de la 98e cérémonie des Oscars®.

Une scène de THE THINGS YOU KILL de Alizera Khatami. Crédit photo: Mongrel Media

Coproduit par la Turquie, la France, la Pologne et le Canada, le film raconte l’histoire d’un professeur qui, hanté par la mort de sa mère, cherche à se venger, révélant ainsi les secrets et les côtés sombres de sa famille.

Le processus de collaboration qui a donné vie à The Things You Kill reflète quelque chose que le cinéaste primé apprécie de la coproduction, soit de mettre en lumière des histoires importantes qui traitent d’expériences humaines communes. « Je ne peux pas me concentrer sur les différences. Je dois me concentrer sur l’humanité partagée, dit-il. The Things You Kill parle de ce que cela signifie de perdre sa mère. Que vous soyez Polonais, Français, Canadien… vous pouvez comprendre la douleur de perdre un parent. »

Et comme en témoigne le succès critique obtenu par The Things You Kill, qui fut présenté en première au Festival de Sundance (où il a remporté le World Cinema Dramatic Directing Award), cette histoire universelle a un attrait mondial.  

Khatami est le réalisateur, le scénariste et le producteur du film, mais le Canada est en fait un coproducteur minoritaire de The Things You Kill.

« En choisissant ce film, le comité de sélection pancanadien fait un grand pas en avant, disant aux personnes autochtones, noires et racisées : “Nous voulons entendre vos histoires, et nous sommes prêts à les partager sur la scène internationale” », dit Khatami, qui est né dans la confédération tribale autochtone de Khamse, dans le sud-est de l’Iran, et qui vit aujourd’hui à Toronto. « Ce fut très positif pour la communauté. J’ai personnellement reçu plusieurs appels émotifs de cinéastes  autochtones, noirs et racisés convaincus qu’ils n’auraient jamais leur chance parce que leur film est dans une autre langue ou que le projet a commencé dans un autre pays. Je félicite Téléfilm d’avoir franchi cette étape essentielle. »

En effet, sans la mise en place de systèmes comme la coproduction qui soutiennent des voix qui se situent en marge du courant dominant, ces histoires risqueraient de ne jamais être racontées, explique Khatami. « Certaines histoires méritent d’être partagées, et nous avons besoin de mécanismes à cet effet. Des histoires urgentes, des histoires cruciales qui doivent être entendues, et la coproduction est le meilleur moyen de permettre à celles-ci d’être portées à l’écran. »

Une collaboration qui traverse les frontières

Bien qu’il soit un coproducteur minoritaire du film, avec Khatami occupant les postes créatifs clés, le Canada a été à bien des égards l’élément qui a « cimenté » le projet, explique le producteur canadien Michael Solomon (Band With Pictures), qui a été l’un des premiers à s’y engager dès le début.

Malgré les frontières qui les séparaient, la collaboration de chaque partenaire a joué un rôle important dans cette œuvre de passion! « En coproduction, on règle constamment les problèmes en équipe, et ce, à différents niveaux et étapes de la production », explique Solomon au sujet du processus, mentionnant à quel point il apprécie les traités de coproduction du Canada avec des pays du monde entier qui facilitent la coproduction en général. « En tant que producteur, mon rôle [dans ce projet] était essentiellement d’assumer une partie de la charge administrative imposée à la société de production ontarienne, qui est celle d’Alireza. »

Elisa Sepulveda-Ruddoff (de la compagnie de production française Fulgurance) a rencontré Khatami pour la première fois lorsqu’elle a joué dans son premier long métrage, Oblivion Verses. (Le film a d’ailleurs remporté le prix Orizzonti du meilleur scénario et le prix FIPRESCI au Festival du film de Venise.) Aujourd’hui productrice de films, c’est en cette qualité qu’elle s’est jointe au projet.

Une scène de THE THINGS YOU KILL de Alizera Khatami. Crédit photo: Mongrel Media
Un processus cinématographique sous le signe de l’ouverture

Plusieurs surprises attendaient l’équipe dans le parcours qui a mené à la création du film The Things You Kill. Ainsi, Khatami apprécie le fait que Téléfilm comprenne que « la réalisation est quelque chose de très fluide », nécessitant ce qu’il décrit comme une flexibilité structurée. « Cela nous a été d’une grande aide, dit-il. Sans cette aide, le film n’aurait jamais vu le jour. »

Tout au long du processus cinématographique, Khatami a pu compter sur l’apport créatif des équipes internationales, du développement à la postproduction – un autre avantage potentiel de la coproduction, ajoute-t-il. « Durant la phase de développement, l’histoire est peaufinée grâce aux réactions et aux lectures d’artistes talentueux. Cela se poursuit en production, car il y a des personnes de différents pays sur le plateau, et en postproduction également. Par exemple, en ce qui nous concerne, le son a été réalisé en France et une partie de la postproduction a été effectuée au Canada, de sorte que ce processus s’est poursuivi jusqu’à la fin, donnant naissance à un film beaucoup plus abouti. »

Le film a également été financé par Eurimages, le Fonds culturel du Conseil de l’Europe, qui encourage les partenariats internationaux et les coproductions. Le Canada en est le premier membre non-européen, et depuis son adhésion au fonds en 2017, 35 productions canadiennes ont obtenu du soutien d’Eurimages.

En termes de conseils sur la collaboration internationale, il est indéniable que le fait d’ouvrir la porte à des idées et à des points de vue différents s’est avéré bénéfique pour The Things You Kill. « Je dirais à tous les cinéastes qui envisagent une coproduction qu’ils ne doivent pas penser qu’il n’y a qu’une seule façon de raconter l’histoire. C’est un processus collaboratif et vous devez permettre aux autres partenaires d’avoir leur mot à dire sur la façon dont le film prendra forme. Si vous vous engagez dans le projet avec cette ouverture d’esprit, vous vous retrouverez avec une bien meilleure histoire et un bien meilleur film. »

Est-ce que The Things You Kill franchira la prochaine étape du processus de nomination des Academy Awards®? Le 16 décembre 2025, l’Académie annoncera les 15 finalistes sélectionnés parmi les titres soumis par des pays du monde entier dans la catégorie du meilleur film international, et le 22 janvier 2026, les films en nomination seront annoncés. La 98e cérémonie des Oscars® aura lieu le 15 mars 2026. The Things You Kill est coproduit par Tell Tall Tale, Fulgurance, Remora Films, Lava Films, Band With Pictures et Sineaktif. Le film est distribué au Canada par Mongrel Media et Best Friend Forever s’occupe des ventes sur la scène internationale.

À propos du processus de sélection pour le choix du Canada : En tant que président désigné sans droit de vote du comité, Téléfilm Canada coordonne chaque année le Comité de sélection pancanadien qui a pour mandat de choisir le film qui représentera le Canada dans la catégorie Meilleur film international aux Oscars®.  La sélection a été faite par un comité pancanadien composé de membres d’organisations et de guildes professionnelles, de même que par des cinéastes et des professionnelles et professionnels de l’industrie représentant différentes organisations. En tout, 16 films ont été soumis en vue de la sélection de cette année. Les membres du comité se sont réunis le matin du 26 août pour faire leur choix. 

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