Talent tout court : Joe Buffalo au Short Film Corner de Cannes 2021

09 • 07

Joe Buffalo, réalisé par Amar Chebib et produit par Hayley Morin et Mack Stannard, est sur une belle lancée. Après une présentation au Festival de films documentaires Big Sky en février dernier, le film a reçu des prix comme le Prix du public à SXSW. Du 12 au 16 juillet, il fera partie de la sélection Talent tout court de Téléfilm Canada, au Short Film Corner de Cannes 2021.

 

Ce court métrage documentaire suit Joe Buffalo de la nation Crie de Samson à Maskwacis, en Alberta, survivant des pensionnats et légende de la planche à roulettes qui a vaincu sa dépendance et les traumatismes de son enfance, pour réaliser son rêve de devenir un professionnel.

Malgré un emploi du temps chargé et une série de festivals qui s’étire sans cesse, Chebib et Morin ont eu l’amabilité de consacrer du temps à réfléchir à leur travail et leurs œuvres.

RDV Canada - Portrait (1)
Productrice Hayley Morin

« Ce que j’aime dans le documentaire, c’est la souplesse du média », commence Chebib. « J’aime travailler avec les gens pour raconter des histoires réelles et puissantes, qui doivent être partagées, tout en poussant le traitement dans une direction narrative pour être visuellement immersif. »

« Depuis ma sortie de l’école de cinéma, j’ai travaillé presque exclusivement dans le domaine du documentaire. J’ai donc eu la chance de pouvoir apprendre beaucoup de choses et de voir la vie sous de nombreux angles différents et uniques », explique Morin. « Comme je me concentre beaucoup sur les histoires autochtones, j’ai l’impression que beaucoup de mes projets sont venus assez naturellement en raison du lien que j’ai avec ma communauté. Le fait d’avoir été entouré de conteurs toute ma vie m’a permis d’utiliser le cinéma comme un moyen d’explorer ma culture et mon histoire. »

Originaire de la nation crie d’Enoch, au centre de l’Alberta, Morin formule des propos pertinents sur les liens communautaires, d’autant plus que Joe Buffalo semble appartenir à beaucoup d’entre elles : Maskwacis, la nouvelle génération de réalisateurs de documentaires, et la scène de la planche à roulettes au pays.

« Ma résilience vient de mes ancêtres. Je me considère chanceux de les avoir. »

« Comme j’ai de la famille à Maskwacis, c’était vraiment cool de pouvoir faire le tour de la communauté et de la voir à travers les yeux de planchistes tels que Joe », affirme Morin. « Le fait de pouvoir filmer dans mon territoire d’Enoch était également incroyable, car nous avons pu échanger avec des enfants de notre centre jeunesse et voir leurs yeux s’illuminer lorsqu’ils ont pu faire un tour devant la caméra ou demander quel genre de film nous faisions. J’ai pu leur dire que nous faisions un film sur un planchiste autochtone et voir leurs réactions, c’est quelque chose que je chérirai toujours. »

« J’ai rencontré Joe pour la première fois en faisant du skateboard à Montréal en 2005, raconte Chebib, mais j’ai ensuite déménagé dans l’Ouest et nous nous sommes perdus de vue. Reprendre contact a été extraordinaire. C’était un honneur d’apprendre à mieux le connaître pendant quelques mois avant de commencer à filmer. Je sais que Joe était un peu réticent au début, et c’est compréhensible. C’était vraiment important pour moi, et bien sûr pour Joe, de bâtir cette relation de confiance. Nous sommes donc allés en douceur et nous avons travaillé en collaboration. Aujourd’hui, j’ai l’impression que nous nous connaissons depuis des lustres ».

Comme on peut s’y attendre avec un documentaire aussi personnel, l’œuvre s’inspire de nombreuses influences et d’expériences vécues — celles de Joe, bien entendu, mais aussi celles des réalisateurs.

« Chaque décision que vous prenez dans la vie est le résultat de vos expériences passées, que vous en soyez conscient ou non. Généralement, vous ne l’êtes pas », ajoute Chebib. « La réalisation de films n’est évidemment pas différente. Consciemment, je peux dire que j’ai commencé à faire des films grâce à la planche à roulettes, en réalisant des vidéos avec mes amis. D’une manière générale, je pense que cela m’a aidé à voir les obstacles comme des occasions et à avoir la volonté d’essayer de faire quelque chose avec rien. Je suis également une personne métisse qui a grandi entre l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient. Dans les écoles arabes, j’étais intimidé comme enfant blanc et dans les écoles occidentales, j’étais intimidé comme enfant arabe. J’étais au Canada lors du 11 septembre. Je sais ce que l’on ressent lorsqu’on est victime de racisme. D’un autre côté, j’ai aussi eu la chance d’avoir beaucoup voyagé et de connaître de nombreuses cultures différentes. Cela m’a donné une perspective plus globale. Mais en fin de compte, je suis juste une personne naturellement sensible, et les histoires des personnes sous-estimées me touchent. »

Amar Chebib - RDV Canada
Réalisateur Amar Chebib

« Le lien que j’ai avec ma culture et la façon dont j’ai été élevé m’ont beaucoup influencé, non seulement dans ma carrière, mais aussi dans ma vie quotidienne », souligne M. Morin. « Pouvoir présenter des histoires du point de vue autochtone est un de mes principaux intérêts, et cela se reflète fortement dans le travail que je fais. Ma résilience vient de mes ancêtres. Je me considère chanceux de les avoir. C’est donc aussi un élément fondamental de mon travail de cinéaste. En grandissant, je n’ai jamais été vraiment exposée aux peuples autochtones et à leurs perspectives dans les médias traditionnels, à la télévision, au cinéma et dans la musique. En tant que producteur, avec la plateforme que j’ai, il est extrêmement important pour moi de m’assurer que les générations futures puissent grandir avec une représentation. »

En tant que survivant des pensionnats autochtones, Joe Buffalo raconte une histoire d’autant plus importante que le Canada a récemment découvert des centaines de tombes non marquées sur les lieux des pensionnats.

« J’espère que nous inspirerons les gens avec l’histoire de Joe et que nous célébrerons sa résilience », dit Chebib. « D’un autre côté, je veux sensibiliser les gens aux pensionnats autochtones et leur faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un passé si lointain ». Joe y est allé dans les années 1990. Il s’agit d’un héritage vivant de traumatismes intergénérationnels dont nous sommes collectivement responsables en tant que nation et dont nous devons continuer à nous occuper. Les récentes découvertes à Kamloops et à Cowessess témoignent du fait qu’il reste encore beaucoup à découvrir. Il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité. »

« La diffusion du film et sa réception ont été une très belle expérience jusqu’à maintenant », dit Morin. « Considérant l’époque dans laquelle nous nous trouvons , et les découvertes horribles qui sont faites à travers le Canada et les États-Unis en ce moment, il est un peu réconfortant de pouvoir faire partie de la conversation. L’éducation est l’outil le plus important dont nous disposons pour aller de l’avant et elle sera déterminante pour les prochaines étapes de la réconciliation. Joe représente une voix brute et assumée, qui parle ouvertement de ses expériences à un moment où notre peuple en a le plus besoin. Cela aura un effet important sur nos communautés, d’une façon jamais vue auparavant ».

Après les projections sur le circuit des festivals, Chebib et Morin envisagent une tournée de projections avec Nations Skate Youth, l’organisme sans but lucratif de Joe Buffalo, dans les réserves de Turtle Island. Ils travaillent actuellement sur un court métrage documentaire sur Darius Sam, un ultra-marathonien de 20 ans de la Première nation de Lower Nicola.

JAKE HOWELL

Jake Howell est un scénariste et un programmateur de films indépendant de Toronto.

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