BOA d’Alexandre Dostie à Cannes 2025

08 • 05

BOA, le court métrage coproduit à l’international d’Alexandre Dostie, est une œuvre cinématographique majeure d’une ampleur qui dépasse celle de nombreux longs métrages. Filmant dans les collines du centre de la France, le réalisateur (Mutants, Je finirai en prison) réussit à tracer une ligne directe entre une abbaye de moines pratiquants et un gym situé au cœur de la ville locale. Ce faisant, il juxtapose deux confréries différentes portées par une ferveur religieuse et un rituel quotidien. Après la destruction totale du toit de l’abbaye par un acte de Dieu, la suite est assurément reptilienne, évoquant des scènes qui s’insinuent, s’installent et ne lâchent pas prise. J’ai su immédiatement après l’avoir vu que je devais en apprendre plus sur ce film.

 

 

« Pendant un certain temps, j’ai fait un rêve récurrent où un homme gigantesque et musclé écrasait quelqu’un dans ses bras », raconte Alexandre Dostie, qui a écrit l’histoire de cette œuvre ambitieuse lors d’une résidence sur la scénarisation organisée dans le cadre du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand.

« Un rêve très étrange… un homme – dont je ne voyais que le dos nu – était allongé dans un lit, coinçant entre ses jambes les pieds d’une personne qui tentait de s’échapper. Cette image s’est en quelque sorte imprimée dans mon imagination. Dix ans plus tard, nous sommes en pleine pandémie, et je m’entraîne dans mon appartement comme un malade, en essayant de ne pas devenir complètement fou. Et à ce moment-là, je me suis vraiment senti comme un moine fou, menant une vie de silence et de solitude, mais sans être en paix avec la situation. Cette tension entre le spirituel et le physique est devenue très réelle pour moi. C’est là que mon rêve étrange m’est revenu à l’esprit… et que tout s’est enclenché. »

Le « moine fou » d’Alexandre Dostie, du moins dans ce film, est un jeune frère nommé Léonide, interprété de manière très physique par l’acteur Dimitri Doré. « Le monastère que l’on voit dans le film est un assemblage de quatre endroits différents, dont l’ancienne abbaye de Lavaudieu en est le cœur », explique Dostie. Il ajoute que le directeur de la photographie, Vincent Biron, a photographié chaque lieu historique avec un ALEXA 35 équipé d’objectifs Zeiss Ultra Prime 20 mm et 40 mm – en plus d’un zoom Angénieux à longue focale 24-290 mm. « J’ai aussi consacré du temps aux auditions à Clermont-Ferrand et à Paris, et c’est à ce moment-là que j’ai rencontré Dimitri Doré. Sa vision du personnage était tellement intéressante », dit-il. « J’aimais beaucoup le fait que son expérience d’acteur puise à la fois dans le cinéma, le théâtre et le cirque. »

Dans mes notes pour la sélection Talent tout court de cette année, je mentionne certaines réflexions que j’ai eues récemment au sujet de l’avenir du cinéma : alors que les générateurs de textes et d’images deviennent omniprésents, comment allons-nous continuer à justifier le fait de nous éloigner du chemin du moindre effort?

« Quand on vous dit que tout est dans le processus? Eh bien, c’est exactement ce que vous sacrifiez avec le travail généré par ordinateur », affirme le réalisateur. « Le processus, c’est d’escalader la montagne pour obtenir votre prise de vue. Le processus, c’est de tourner une scène dans une minuscule crypte avec un serpent agressif. Le processus, c’est de se lancer par terre – nu comme au premier jour – et de ramper comme une bête. Bien entendu, parfois, vous avez besoin d’un petit coup de pouce numérique (si vous voulez un trou dans le toit de votre cathédrale, par exemple), mais sinon, le plaisir se trouve dans le risque de faire les choses pour de vrai. Faire un film est une aventure, et c’est justement ce que j’aime. »

Vous allez à Cannes ce mois-ci? Regardez BOA, et tous les films de la sélection Talent tout court de Téléfilm sur la VideoLibrary du Short Film Corner.

Jake Howell est un scénariste et programmateur de films de Toronto.

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