En tant que cinéaste et directrice générale d’une société de production en Alberta, Nauzanin Knight connaît bien les ficelles de l’industrie cinématographique canadienne. Avec les neuf productions, huit réalisations et autres mentions à son actif qui continuent de s’additionner, elle participe activement à la réalisation et à la présentation d’histoires depuis des années.
En œuvrant au sein de l’industrie, elle a remarqué qu’il existait un schéma auquel elle a décidé de s’attaquer. « J’ai commencé à concevoir cette étude lorsque j’ai observé le manque de représentation des femmes PANDC (personnel autochtones, noirs et de couleur) lors des événements de l’industrie en Alberta », a déclaré Nauzanin.
En 2021, elle a commencé à interviewer des femmes autochtones, afro-descendantes et de couleur, avec le soutien du Conseil des arts du Canada, en vue de réaliser l’étude Créer des réseaux inclusifs dans l’industrie du cinéma et de la télévision, la première recherche à s’intéresser au réseautage dans l’industrie du cinéma et de la télévision pour comprendre où se trouvent les obstacles de l’avis des groupes sous-représentés.
Étant donné son expérience en recherche et son baccalauréat en psychologie, Nauzanin a pris les rênes de la conception de l’étude, de la recherche, de l’analyse des données et de la rédaction du rapport, avec l’appui d’une équipe de femmes PANDC, qui l’a assisté dans sa recherche sur l’inclusion.
Principales découvertes
Les événements de réseautage comptent parmi les moyens les plus importants pour progresser dans une industrie, et en particulier dans celle du cinéma. D’après la recherche sur le marché du travail général menée par Julia Freeland Fisher, directrice de la recherche en éducation au Clayton Christensen Institute, 70 % des emplois ne sont pas annoncés publiquement sur les sites de recherche d’emploi et 80 % des emplois sont pourvus grâce à des contacts personnels et professionnels. Donc, quand une personne cherche du soutien pour un film, une société de production pour laquelle travailler ou un nouveau projet auquel participer dans l’industrie du cinéma, le réseautage est la clé.
« Le manque de possibilités de mise en réseau verticale ou horizontale, en particulier dans les centres géographiques où l’industrie cinématographique est moins importante, limite les possibilités d’emploi ainsi que les perspectives pour les créateurs et créatrices de faire avancer leurs propres projets », rapporte Nauzanin. « D’un autre côté, lorsque les femmes PANDC sont absentes de ces rassemblements, leur absence perpétue les pratiques d’embauche du « cercle restreint ». »
Les découvertes faites par Nauzanin durant sa recherche ont révélé deux problèmes : soit les femmes PANDC ne sont pas à l’aise avec les activités de réseautage, soit elles n’y sont pas invitées du tout.
Les microagressions, le sentiment de ne pas être la bienvenue ou l’impression que la participation à ces événements « ne mène à rien », comme l’ont déclaré certaines participantes, sont autant de facteurs qui font en sorte que les communautés sous-représentées sont confrontées à des obstacles découlant de comportements dans l’industrie.
« Beaucoup des participantes ont dit qu’elles ou leurs amies avaient arrêté d’assister à des événements de réseautage de l’industrie en raison d’expériences vécues dans le passé », a rapporté Nauzanin.
Par ailleurs, certaines participantes ont dit qu’obtenir une invitation est déjà un combat en soi, causant un obstacle encore plus évident pour cette communauté.
Un phénomène décrit par les participantes a été l’expérience de femmes racialisées et autochtones fatiguées de participer à des événements qui « ne mènent à rien ».
Ce que doit faire l’industrie pour changer
Bien que ces enjeux soient profondément enracinés, il existe des mesures que les organisations peuvent prendre pour rendre les événements de réseautage plus inclusifs à l’avenir.
« Ce qui a le plus exaspéré nos participantes, c’est que ce travail de façade est effectué sans être soutenu par le travail nécessaire pour garantir que l’organisation est réellement inclusive », a déclaré Nauzanin.
C’est pour cette raison qu’à la fin du rapport Créer des réseaux inclusifs dans l’industrie du cinéma et de la télévision, Nauzanin et son équipe expliquent les étapes à suivre pour accroître l’inclusion dans les événements de réseautage au moyen d’une liste de contrôle pour la préproduction, la production, la postproduction et la distribution.
« La vraie diversité et l’inclusion doivent venir de la philosophie et de la composition de l’organisation », selon Nauzanin. Les obstacles systémiques et structurels doivent être éliminés à l’interne pour que les tentatives « d’inclusion » soient organiques et réellement accueillantes pour les femmes PANDC de l’industrie cinématographique.