Entretien avec Jason Ryle : Protocoles et lignes directrices à l’écran

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Un nouveau guide de production médiatique vient d’être lancé par imagineNATIVE, afin de donner un cadre de travail adaptable pour la production de contenu en collaboration avec les communautés autochtones du Canada. Intitulé Protocoles et lignes directrices à l’écran : un guide de production médiatique pour le travail avec les communautés, les cultures, les concepts et les histoires des Premières nations, des Métis et des Inuits, ce projet a d’abord commencé en 2017. Financé par Ontario Créatif, l’Office national du film du Canada, le Fonds des médias du Canada, la Fondation Inspirit, Téléfilm Canada et Creative BC, ce rapport pourrait « changer la donne dans l’industrie » selon le directeur général d’imagineNATIVE, Jason Ryle. Pour souligner le lancement de ce document le 25 mars 2019, nous avons discuté avec Ryle de souveraineté narrative, de l’effet de la représentation, des voix autochtones à l’écran, et de bien d’autres sujets.

Pourquoi ce document est-il important, et pourquoi pensez-vous que l’industrie devrait le prendre en considération?

Jason Ryle : « En tant qu’organisme autochtone, imagineNATIVE défend la cause des cinéastes autochtones et vise à porter leurs voix à l’écran. C’est ce que nous appelons la souveraineté narrative, et nous en parlons dans le rapport.

Nos partenaires de l’industrie ont communiqué un besoin et un intérêt d’avoir plus de directives et d’orientations claires pour mieux aider les cinéastes autochtones. Simultanément, nous avons bénéficié d’un point de vue autochtone, quant aux possibilités et à ce qui peut être bien fait. »

Qu’est-ce qui est à l’origine de cette initiative?

Jason Ryle : « Pour nous, c’était d’abord une tentative délibérée d’avoir un certain cadre de travail pour rendre possible le changement positif… S’il y a des cas de mauvaises représentations des peuples, cultures ou histoires autochtones à l’écran, que pouvons-nous faire pour y remédier et faire une différence?

Les cinéastes autochtones veulent bien sûr que leurs histoires soient racontées, elles sont si riches et variées. Pourtant, on ne les voit pas souvent à l’écran. Depuis le tout début, ce sont en majorité des non-Autochtones qui racontent ces histoires à l’écran. C’était certainement le cas au siècle dernier, un peu moins maintenant, mais il y a toujours des problèmes à ce sujet. »

Quel est votre objectif avec ce rapport?

Jason Ryle : « Nous voulons que ce rapport ait des répercussions pendant des années, et pour les générations à venir. Les gens sont très influencés par ce qu’ils voient et entendent à l’écran. Si ces représentations sont erronées, fausses ou négatives, les conséquences sont manifestes sur la vie des gens des différentes communautés.

Nous espérons que ce rapport empêche ces effets négatifs de se perpétuer et prévienne la création de nouveaux stéréotypes. Nous espérons aussi que les communautés autochtones soient entendues et qu’elles contribuent de manière significative afin que ce qu’on voit à l’écran soit une représentation réaliste, bien informée et surtout, véritablement issue d’une voix autochtone. Le but du document n’est pas d’interdire; ce n’est pas une liste de ce qui doit être fait. Nous souhaitons que ce document en constante évolution oriente en profondeur la production et qu’il joue un rôle important au cœur de chaque production qui présente du contenu autochtone. »

Comment les cinéastes utilisent-ils ce document évolutif, et comment y contribuent-ils?

Ce n’est qu’un point de départ. J’espère que les communautés autochtones, les Premières Nations, les régions territoriales adaptent ce document pour qu’il reflète bien leurs propres protocoles, restrictions et objectifs. Voilà l’intention.» -Jason Ryle

Jason Ryle: «Ce cadre de travail est fait pour être adaptable afin de guider les productions. Le fait qu’il soit évolutif signifie qu’il peut changer et s’adapter aux différentes nations et productions. C’est ce qui en fait une ressource si essentielle et dynamique. »

Comment le rapport a-t-il été créé en partenariat avec les différents organismes donateurs?

Jason Ryle : « Tous les participants étaient emballés et enthousiastes, les organismes donateurs, les cinéastes autochtones, les directeurs et bien sûr Marcia Nickerson [la directrice du projet]. Ce groupe  ̶  le comité national, Marcia, tous les conseillers  ̶  ont fait quelque chose de profond et d’extraordinaire. Cela démontre qu’il y a un grand besoin pour ce genre de guide. Cela témoigne d’une volonté de produire des histoires plus responsables, et qu’il y ait un soutien accru pour les voix autochtones au cinéma. J’ai hâte de voir tout ce que ce document rendra possible au cours des prochaines années, et comment les organismes donateurs, les diffuseurs et les producteurs réagiront et s’adapteront. »

Qu’est-ce que cela signifie pour la place du Canada dans l’industrie cinématographique autochtone? (Le seul autre pays qui possède ce genre de protocole est l’Australie.)

Jason Ryle : « Si on s’intéresse au cas de Screen Australia, on peut établir un parallèle direct entre nos deux pays. C’est pourquoi nous avons pensé à une version canadienne de cette initiative. Le Canada est un chef de file en matière d’appui à la production autochtone. Le soutien à ce rapport en est un des aspects, et le soutien au Bureau des productions audiovisuelles autochtones est un progrès important. Après avoir étudié les centres de production autochtone au monde, il est clair que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada en sont les pivots. Il y a bien sûr des nuances et des différences entre ces pays, mais nous partageons tous un besoin et un désir de voir des histoires autochtones à l’écran et de pouvoir  collaborer significativement aux productions qui mettent en lumière du contenu autochtone. »          

D’après vous, quels seront les effets de ce nouveau cadre de travail sur les récits autochtones?  

Jason Ryle : « Cela va enrichir notre façon de raconter des histoires. Je crois que collectivement, tout le monde dans le domaine et dans l’industrie, autochtone ou non, admet qu’il faut en faire plus pour soutenir et raconter ces histoires de façon responsable. Et cet outil est justement là pour aider à réaliser cet objectif. »

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